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La magie des bijoux incas


Presse Maison de joaillerie Motché, créoles XL en or, bijoux incas, Journal Le Monde

Par Véronique Lorelle, Le Monde.


Disques d'oreilles façon astre solaire, sautoir d'améthyste ou de turquoise brutes, manchette étincelante au motif de pélican, pendentif grenouille : ces bijoux retiennent l'œil par leur beauté singulière et leur intrigante familiarité. Peut-être leur côté Temple du Soleil ? Ils sont chargés d'histoire, inspirés par les parures funéraires précolombiennes du Musée Larco, à Lima, au Pérou.


Carole Fraresso, jeune archéologue et spécialiste en métallurgie, est la créatrice de cette ligne de joaillerie baptisée "Motché Paris-Lima", une entreprise culturelle inédite. A partir d'un ornement de nez pour haut dignitaire des civilisations pré-hispaniques (1000 avant J.-C. et 1470 après J.-C.) ou d'un pectoral rituel, elle dessine un bijou que l'un des derniers maîtres orfèvres du nord du Pérou, Armando Gil Castillo, façonne selon des gestes plus que millénaires. "Comme dans l'ancien Pérou, Armando travaille des feuilles de métal précieux de moins de 1 mm d'épaisseur qu'il découpe à la main, sculpte par repoussé, incise ou grave ", explique Carole Fraresso.

"Cette technique permettait d'obtenir des parures légères quoique imposantes : l'idée est de retrouver ce savoir-faire des joailliers précolombiens pour le transmettre", précise la jeune femme installée au Pérou.

Chez les pré-Incas, les bijoux étaient mobiles, étincelants, sonores et ornés d'un bestiaire magique, afin que leurs propriétaires apparaissent surnaturels et reliés au monde divin. Reste nombre de mystères. "Je cherche encore la recette de la dorure sur cuivre", souligne Carole Fraresso, "le résultat ressemble à une électrolyse, mais elle a été réalisée il y a mille cinq cents ans sans électricité ni cyanure… !"


Jusqu'au 31 mai, La Maison des Amériques latines, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, expose l'histoire du prestigieux Musée Larco et de son fondateur, un collectionneur mécène, Rafael Larco Hoyle (1901-1966). Quand nombre de ses contemporains pillaient et fondaient l'or, ce propriétaire terrien à la passion éclairée fouillait, nommait, classait ses trouvailles qu'il a permis au public d'admirer dans son musée fondé en 1926. Ce lieu, toujours privé, recèle la plus belle collection du Pérou de trésors précolombiens, et quarante-cinq mille céramiques (dont des poteries érotiques mochicas). Les bijoux contemporains créés par Carole Fraresso, à partir des plus belles pièces muséales, sont également présentés dans l'exposition par le biais de photographies. Pour voir les originaux (et les acheter éventuellement), il faut pousser la porte de la boutique Rive Gauche, d'Arthus-Bertrand qui, en bon voisin, a accepté d'accueillir cette première collection de joaillerie néo-précolombienne dans ses vitrines. Pour cause : l'orfèvre français fut longtemps le fournisseur de répliques de bijoux anciens pour le Musée du Louvre.


Exposition : "Motché Paris-Lima" : un hommage à la joaillerie précolombienne, à La Maison des Amériques latines, 3, rue Cassette, Paris 6e. Jusqu'au 30 mai. Entrée libre du lundi au samedi, de 10 heures à 19 heures, sauf jours fériés. Bijoux en exposition-vente jusqu'au 31 mai : boutique Arthus Bertrand, 54, rue Bonaparte, Paris 6e.



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